Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Art intimapu

Une mine d’or qui respecte la nature et promeut le droit des paysans.

25 Avril 2010, 12:53pm

Publié par milenko

El Bagre. Un champ gardé par de zébus aux limites de la ville. Elle est située à vingt minutes de piste de la route reliant Medellin à Carthagène.

 

Le petit bimoteur est donc le moyen le plus sûr d’atteindre ce bourg de soixante dix mille habitants niché au pied de trois cordillères colombiennes, au cœur d’une plaine immense.

On est sur le terre des Indiens Yamesi, les conquistadores était venus pour l’or, c’est encore l’activité principale d’El Bagre.

 

Mineros, la plus importante compagnie légale de la région, propriété de l’Etat, développe une stratégie très rare dans ce gendre d’activités : cette mine d’or alluviale soigne l’écologie au point de pouvoir redistribuer la terre à de petits paysans qui y trouvent les moyens de cultiver autres chose que la coca pour les narcotrafiquants. La Colombie, est en train d’inventer un modèle d’exploitation minière qui pourrait servir d’exemple de développement durable.

 

Mineros est séparée de reste de la ville d’El Bagre par une base militaire. Les barges qui creusent nuit et jour et sept jour sur sept sont à une ou deux heures de navigation du gisement en cours de exploitation.

 

La Nechi, le panorama s’ouvre sur la plaine où d’innombrables bras d’eau serpentent au milieu des champs. Le delta du rio Cauca est le premier site aurifère du Colombie. Des particules d’or arrachées à la montagne s’y accumulent depuis des millions d’années. Avec trois cent quatre-vingts kilomètres carrés, la concession Mineros couvre un vingtième de cette région du Bajo Cauca, entre cordillère et rive sud de la Nechi.

 

Les dragues et leurs centaines de « cuchares » (cuillères) raclent sans cesse le lit, retournent vingt millions de mètres cubes d’alluvions chaque année pour produire deux tonnes et demie d’or pour destruction des berges, stérilité de la cape végétale lorsque de la terre auparavant située à plus de vingt mètres de profondeur se retrouve à la surface, l’exploitation n’est pas sans dommages. Mais, au moins, les eaux ne sont elles pas empoisonnées. Par le mercure : les ingénieurs de Mineros appliquent les dernières techniques pour récupérer les produits chimiques utilisés pour la séparation de l’or et du limon. L’opération s’effectue dans une pièce hermétique sur la drague même, le rejet en mercure est quasi nul. D’abord motivé par des soucis économiques –le mercure est extrêmement coûteux- le procédé a son avantage pour la protection des eaux et de l’air. Lors de la cuisson finale de l’or, en laboratoire, le mercure sera aussi récupéré par un système d’alambic et de vapeurs captées par des charbons actifs et seront recyclées. Précaution utile : c’est sous forme volatile que le mercure est le plus dangereux, car les particules peuvent être inhalées par les hommes et les animaux.

 

Les exploitations illégales, invisibles du sol, se détachent clairement. A côté des bulldozers, des barges ou des laboratoires surmontés de toits noirs, les points d’eau sont bleus turquoises ou oranges électriques, à cause de l’acide sulfurique, du cyanures ou du zinc. Utilisés pour récupère l’or alluvial, ces produits sont rejetés sans aucun contrôle dans la rivière. Une fois les terrains exploités, les orpailleurs clandestins quittent les lieux en abandonnant leurs déchets toxiques.

Mineros a été une compagnie nord-américaine, mais tout a changé en 1999, lorsque les premières directives du ministère de l’environnement colombien, créées six ans plus tôt, obligèrent les compagnies minières à réhabiliter les terres exploitées. Les actionnaires nord-américains de Mineros jetèrent l’éponge au vu des investissements nécessaires. L’Etat Colombien, devenu actionnaire majoritaire de la compagnie, en confia la présidence à Beatriz Uribe, Directrice financière de l’entreprise depuis 1976.

 

Mineros s’est retrouvée au centre d’un vaste programme de réhabilitation et redistribution des terres aux paysans locaux.

 

L’installation d’agriculteurs devenus propriétaires est aussi un bon moyen d’éviter la présence d’indésirables sur le territoire de la concession.

 

La préparation d’une future parcelle agricole débute en même temps que l’exploitation de la zone.

 

La ferme pilote Mineros ressemble à un « écolodge », posée en haut de la de la colline avec vue sur une campagne bucolique.  Derrière elle, des champs sont plantés d’ananas et entrecoupés d’arbres à caoutchouc. Les racines des hévéas participent à la consolidation des sols, comme les bananiers.  Y poussent aussi des manguiers ou des cacaotiers séparés par des bosquets touffus. Créée en 2000 sur d’anciens gisements où la terre ressemblait au désert de Gobi, la ferme sert de laboratoire pour des essais écologique. L’acacia mangium, c’est une légumineuse rampante qui ré oxygène les sols et forme très rapidement un humus végétal propice à l’agriculture. Aujourd’hui, la production de petits ananas sucrés se révèle suffisamment performante pour que débute leur commercialisation.

 

Tout autour de l’exploitation agricole, vingt et une fermettes de dix à quatorze hectares ont été confiées à autant de familles locales. Pour limiter l’isolement, elles sont reliées entre elles par des sentiers parfois construits sur l’eau.

 

Les parcelles sont distribuées aux paysans avec un programme de soutien de trois ans qui doit leur permettre d’atteindre l’autosuffisance. « La fortune »-« la chance »-est le nom que les Sanchez ont donné à leur maison au bout d’un chemin bordé de fleurs. Victor Sanchez montre la nouvelle culture de maïs créole. La plante locale, moins coûteuse à l’achat que la semence précédente, est plus adaptée au climat. Si ce maïs tient bon, le paysan deviendra propriétaire de sa ferme qui appartient encore à Mineros . Sur la parcelle voisine, Rogelio et Moricela Ortega n’ont pas cinquante ans  à eux deux, Morciela  s’occupe des vaches, et Rogelio récolte des fruits et ne manque pas d’idées pour développer sa ferme. Il a préparé un bassin pour de la pisciculture et voudrait profiter d’un champ inondable pour essayer le riz.

 

Thierry Blondel, un Français expert international en traitement de sites contaminés, s’est rendu sur le site de Mineros en 2006, à la demande de l’Office National des Forêts et de la Compagnie Nationale du Rhône. En visite à la finca, il n’avait jamais vu, dit-il, de projets aussi aboutis. Conclusion de l’expert : « La France ferait bien de s’inspirer de l’expérience de Mineros pour la Guyane »…    

 

    

Géo

Commenter cet article